Les femmes infertiles peuvent avoir recours à la transplantation d’utérus

Publié le par Webmaster

Agence Science-Presse

Plusieurs femmes infertiles souhaitent désespérément avoir leur propre enfant biologique. C’est carrément impossible pour celles qui n’ont pas d’utérus. Leur seule solution : recourir aux services d’une mère porteuse, ce qui est encore interdit dans plusieurs pays. Un nouvel espoir s’offre à elles : la transplantation d’utérus.

On transplante bien des foies, des reins et des poumons, pourquoi pas des utérus? Cette opération permettrait aux femmes nées sans utérus et à celles qui ont subi une hystérectomie, à cause d’un cancer ou de fibromes, de porter leur propre enfant.

L’organe prélevé d’un donneur vivant ou récemment décédé serait attaché au vagin et connecté aux vaisseaux sanguins de la future maman. Une fois la condition médicale de la patiente stable, les médecins pourraient implanter dans le nouvel utérus, les embryons préalablement créés par fertilisation in vitro. L’accouchement se déroulerait par césarienne suivie d’une hystérectomie pour retirer l’utérus et prévenir les risques de complications liés à la transplantation d’organes. Pas banal, comme grossesse!

Le Dr Guiseppe Del Priore, obstétricien et gynécologue au New York Downtown Hospital, a réalisé que cette opération serait possible lorsqu’il a récemment expérimenté une nouvelle technique chirurgicale avec des patientes souffrant du cancer du col de l’utérus. L’utérus des patientes était retiré de leur corps pendant l’opération, puis remis en place. Et plusieurs de ces femmes ont vécu des grossesses normales par la suite.




Une transplantation humaine d’utérus a déjà eu lieu, en Arabie Saoudite, en 2000, mais le nouvel organe a du être retiré trois mois plus tard à cause de saignements importants.

Certains chercheurs et bioéthiciens sont inquiets au sujet de la transplantation d’utérus comme remède à l’infertilité. Ils estiment que les risques sont peu connus et craignent que ces techniques chirurgicales ne soient offertes en clinique privée, avant même qu’on ne connaisse toutes les conséquences. «Il est difficile d’imaginer une méthode plus coûteuse et risquée d’avoir un enfant», indique Thomas Murray, directeur du Hastings Center, un institut de recherche bioéthique, à Garrison, à New York.

La majorité des transplantations d’organes exécutées jusqu’à aujourd’hui avaient pour but de sauver des vies. Il est encore difficile d’évaluer, dans le cas de la transplantation d’utérus, si les bénéfices dépassent les risques. Une patiente qui ferait ce choix devrait prendre durant toute sa grossesse des médicaments anti-rejet qui pourraient être toxiques et nuire au développement du foetus. Et malgré les médicaments, il y aurait toujours un risque de rejet. Elle pourrait aussi développer des infections et des complications suite à la chirurgie.

Près de la moitié des femmes qui ont eu une transplantation des reins et qui deviennent enceintes ont des bébés prématurés ou de petit poids. Plusieurs d’entre elles souffrent durant leur grossesse de pression trop élevée et de pré-éclampsie, une condition dangereuse qui menace la santé de la maman et du bébé. Avec une transplantation d’utérus, s’ajoutent d’autres inconnues parce la grossesse se produit dans l’organe transplanté. Personne ne sait si l’organe s’adaptera à la grossesse.

Des expériences ont déjà été réalisées avec succès sur des souris. La recherche doit être maintenant faite sur des primates avant de la tenter sur des humains. «Une fois que nous aurons montré le premier bébé singe né d’une guenon avec un utérus transplanté, les gens vont immédiatement réclamer l’intervention pour eux», dit Stefan Sclatt de l’Université de Pittsburgh en Pensylvannie. «Certaines personnes sont tellement désespérées de ne pas avoir de bébé qu’elles n’attendront pas la naissance du dixième singe afin de s’assurer que la technique est sécuritaire.»

Moins de 1% des femmes sont infertiles parce qu’elles n’ont pas d’utérus. Malgré les risques et les inconnues encore associés à la transplantation d’utérus, plusieurs femmes sont déjà volontaires pour une telle opération qui pourrait être offerte d’ici deux à cinq ans.

http://www.cyberpresse.ca/article/20070312/CPSCIENCES/70312050/5103/CPACTUEL03

Publié dans Stérilité

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